Subventions : 5 idées reçues à leur sujet

En 2024, comme j'ai pu le dire dans plusieurs articles cette année (notamment à propos de l'aide à l'auto-production de la Sacem ou bien des "vrais" critères pour maximiser ses chances d'en obtenir), il est plus difficile que les années précédentes de se voir attribuer une somme qui va amortir tes dépenses. Mais, ça n'en est pas moins impossible pour autant. Il y a beaucoup d'idées reçues qui circulent à leur sujet, aussi voulais-je en déblayer 5 avec toi pour que tu puisses aborder un peu plus sereinement tes dossiers!

Il faut faire de la chanson française pour être subventionné-e.

C'est faux ! Heureusement, le genre musical et la langue dans laquelle tu chantes ne jouent pas pour l’obtention de subventions. Ce qui compte, c’est la qualité du projet artistique, et la cohérence entre le budget investi et la notoriété de l’artiste (entre autres!). Dans certaines subventions, c'est même la musique qui joue en premier lieu (auto-production Sacem) avant même de jeter un oeil au budget. Dans d'autres subventions, c'est la solidité du plan marketing et de communication qui va primer, notamment car il va permettre de jauger si le projet est à même de générer des droits d'auteur ou des droits voisins (je pense là surtout aux aides à la production phonographique de la SCPP et de la SPPF). Pour ne perdre de vue aucune commission ni aucune date de dépôt de dossier, je t'invite à ajouter à ton agenda les calendriers des subventions que j'ai pu produire pour toi!

Il faut être connu-e pour obtenir des subventions.

Là aussi, c'est faux ! S’il est vrai qu’une notoriété qui grandit (même lentement mais sûrement) est importante pour gagner la confiance des organismes, certaines subventions accompagnent spécifiquement les artistes qui débutent – comme l’auto-prod Sacem, que tu peux retrouver dans la liste des subventions pour artistes et labels indépendant-es. En réalité, ce qui rassure les organisme, c'est d'avoir plusieurs sources de financement : par exemple, faire une campagne de crowdfunding qui va te permettre d'avoir plus de fonds propres, en plus de la subvention que tu sollicites. Ou bien solliciter plusieurs guichets si les critères d'éligibilité te le permettent, comme l'aide à la production phonographique du CNM et l'aide à l'enregistrement et à la promotion de l'Adami.

Si tu souhaites creuser un peu plus ce sujet – car il est vrai qu'il existe un mécanisme qui dit que notoriété = droits générés – je t'invite à te reporter sur mon article dédié aux réductions budgétaires des aides à la création de la filière musicale.

Il faut signer en label pour demander des subventions.

Et encore faux ! Même si certaines subventions sont réservées à des labels (qui, dans le jargon, signent des contrats de licence avec leurs artistes notamment) tu peux avoir ta propre structure (association ou société) pour demander des subventions, et ainsi t’autoproduire! Ceci dit, si tu signes en label, le label peut demander des subventions pour ton projet, surtout pour les dépenses qu’il engage (par exemple, des dépenses de promotion ou de clip).

Attention cependant lorsque tu te structures : l'auto-entreprise n'est pas adaptée aux activités artistiques, et ne permet pas d'obtenir de subventions. Si tu vises l'intermittence, tu ne peux pas détenir une structure de production phonographique. Je t'invite à te reporter à mon article sur la structuration pour en savoir plus et à faire appel à un-e juriste ou un-e comptable pour savoir quelle est la bonne solution pour toi.

Il faut une société pour avoir des subventions.

Là, pour le coup, c’est partiellement vrai. Il ne faut pas forcément une société pour demander des subventions, une association ça fonctionne aussi. Par contre, comme je disais juste au dessus, l’auto-entreprise ne fonctionne pas pour les aides financières. Pourquoi ? Car les organismes ne financent que des “personnes morales”, à savoir des associations ou des sociétés. Or, tu ne peux pas être employeur et employé à la fois – toute activité d'interprétation (par exemple : tu enregistres en studio ta voix pour un de tes titres) se doit d'être rémunérée en salaire. Il y a ce qu'on appelle une "présomption de salariat" pour les activités liées à l'interprétation artistique en France.

Dans cette optique, tu ne peux pas être la personne gérante de l'entreprise ou de l'association qui te produit. Ces mécanismes administratifs qui permettent l'auto-production sont complexes, donc je te renvoie de nouveau à mon article sur le sujet pour que tu puisses en savoir plus.

Il faut vendre des disques pour être subventionné-e.

Là, c’est en partie vrai. On va parler technique deux minutes : les budgets annuels des aides à la création (= subventions) sont renfloués chaque année, notamment, par une partie des droits générés par les membres (= auteurs, compositeurs, interprètes, producteurs, éditeurs) des organismes financeurs. Ces droits, collectés par des sociétés collectives comme la Sacem, la SCPP ou encore l’Adami, sont redistribués à leurs membres moyennant une faible commission (8% à la Sacem par exemple). Si ces droits ne sont pas les seuls à renflouer les aides à la création, ils en constituent une part importante… et les ventes de disques permettent de renflouer ces caisses, au même titre que les concerts, les revenus issus d’exploitations audiovisuelles (exemple : un titre joué dans une pub qui passe sur France 2 avant le JT de 20h), et j’en passe. Donc, les organismes seront plus à même d’accompagner les projets qui aident à maintenir le budget des aides à la création au même niveau, surtout à l’heure de réductions budgétaires importantes.

Conclusion

Comme tu peux le constater, obtenir des subventions ne dépend pas uniquement de ta notoriété ou du fait d'être épaulé-e par un label. Ce qui compte, avant tout, c'est de présenter un budget honnête, et un projet cohérent avec ce budget ainsi que des sources de revenus qui vont permettre de pérenniser l'activité de production qui va rassurer les commissions pour lesquelles tu déposeras un dossier.

Pour savoir à quels organismes adhérer pour protéger sa création artistique et plus tard demander des aides financières, tu peux télécharger gratuitement la boîte à outils de l'artiste indé. Et si tu es déjà adhérent-e à plusieurs organismes, n'hésite pas à découvrir la formation Mission admin & subventions pour pouvoir anticiper tes démarches !

Les idées reçues des subventions dans la musique :

  • Il faut faire de la chanson française pour être subventionné-e.
  • Il faut être connu-e pour obtenir des subventions.
  • Il faut signer en label pour demander des subventions.
  • Il faut une société pour avoir des subventions.
  • Il faut vendre des disques pour être subventionné-e.

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