Le CNM (Centre National de la Musique) fait partie de ces institutions, en France, qui financent de nombreux projets artistiques. En tant qu’organisme public financé par l'Etat mais aussi par un collège d’acteur-ice-s de l’industrie musicale, il a pour mission intrinsèque de soutenir et de développer l'industrie musicale française.
Parmi les moyens que le CNM emploie pour soutenir cette filière, il y a bien évidemment les subventions, ces aides dites sélectives qui financent, après dépôt de dossier et après passage en commission, divers types d’acteur-ice-s, allant de producteur-ice-s phonographiques à des sociétés d’édition en passant par des sociétés de production de spectacle, voire, dans certains cas, des artistes en direct.
Mais l’une des aides phares du CNM, l’aide à la production phonographique, a vu ses critères d’éligibilité changer de manière assez drastique, rendant la plupart des producteur-ice-s émergent-e-s inéligibles à cette aide depuis 2023.
Si vous êtes dans ce cas, vous vous demandez certainement quoi faire, et s’il existe d’autres aides que vous pouvez solliciter pour amortir vos dépenses en début d’activité. Et heureusement, la réponse est oui ! On décortique tout ça dans cet article.
Le CNM propose une aide à la production phonographique destinée à accompagner les artistes et les labels indépendants dans la création et la production de leurs projets musicaux. Cette aide financière peut couvrir, selon les dernières mises à jour du CNM, jusqu'à 40% des frais de production, dans la limite de 15 000 euros. Jusqu'à présent, elle était ouverte à tous les genres musicaux et à tous les stades de la production, de l'enregistrement à la fabrication de supports physiques en passant même par une quote-part du poste "marketing et communication" de 30%, ce qui veut dire que 30% des dépenses de promotion pouvaient être incluses à cette aide. Or, les critères ont changé : pour bénéficier de cette aide, il est nécessaire de répondre à certains critères d'éligibilité, qui ne permettent plus de déposer une aide dès la production du premier EP ou album. L'aide à la production phonographique du CNM est un véritable soutien pour les artistes et les labels indépendants qui ont besoin d'un appui financier pour mener à bien leur projet musical et ainsi contribuer à la richesse et à la diversité de la musique française, or, avec les changements de critères, ce bénéfice premier risque de mettre de nombreux-ses producteur-ice-s sur la sellette, ou a minima à les forcer de revoir leurs budgets à la baisse si la subvention ne peut plus être obtenue.
Mais qu'est-ce qui change exactement dans les critères du CNM, et comment pallier à ce nouveau manque ?
Pour comprendre ce qui change, il est nécessaire de se pencher avant tout sur la manière dont le CNM est financé, car c’est précisément une réduction budgétaire qui est à l’origine des changements des critères d’éligibilité pour cette aide.
Le CNM est financé par un fonds de soutien alimenté par une contribution volontaire des acteurs du secteur musical. Ce que cela signifie, c’est que des acteur-ice-s tel-le-s que des plateformes de streaming, radios, éditeur-ice-s, producteur-ice-s, distributeurs ou encore des sociétés de gestion collective comme la Sacem financent à hauteur d’une contribution volontaire (qui est calculée en fonction de leur chiffre d’affaires) les activités menées par le CNM. Le montant total de la contribution est ensuite affecté à un fonds de soutien géré par le CNM, fonds qui permet de financer, entre autres, les aides à la production phonographique.
Cette aide, qui est l’une des aides majeures du CNM, voit ses critères changer pour 2023 pour tenir compte d’une réduction budgétaire globale des aides à la création – si le budget pour l’année 2022 était de 8,2 millions d’euros, pour l’année 2023, il est passé à 2,3 millions. Cette réduction drastique se ressent sur les critères d’éligibilité de l’aide à la production phonographique – si auparavant il était possible de déposer un dossier pour amortir les dépenses de son premier projet de disque, ce n’est plus le cas !
Dans une période de transition, avec la fin du soutien exceptionnel lié à la crise sanitaire et afin d’être plus sélectifs dans le choix des projets aidés, deux critères d’éligibilité ont ainsi été ajoutés, au choix dans une liste de trois critères :
• avoir un catalogue phonographique composé d’au moins trois références, dont chacune comprenant au moins cinq phonogrammes (titres) et/ou ayant une durée cumulée supérieure à 20 minutes ;
• avoir 50 % de son chiffre d’affaires issu de la production phonographique (redevances, droits voisins, ventes physiques et numériques, droits de synchronisation, monétisation, merchandising) ;
• avoir un volume d’investissements en production phonographique supérieur ou égal à 25 000 € sur l’année civile précédant la date de dépôt du dossier ou à 50 000 € sur les trois années civiles précédant la date de dépôt du dossier. – issu de la newsletter du CNM du mois de mars 2023. Plus d'informations sur le site du CNM.
Face à ce changement, de nombreux-ses producteur-ice-s se voient dans l’obligation de se tourner vers d’autres programmes d’aides. Mais quels sont les organismes à solliciter ?
Le CNM n’est heureusement pas la seule entité pour laquelle les producteur-ice-s peuvent solliciter le service d’aide à la création. Parmi les organismes qui existent, il y a l’Adami, qui offre un grand panel d’aides, aussi restrictif soit-il en matière de critères d’éligibilité. Les syndicats de producteur-ice-s que sont la SCPP et la SPPF, eux aussi soumis à des critères précis – comme la nécessité d’avoir sorti au moins 5 titres avec sa société de production pour adhérer, ou encore la signature d’un contrat de distribution physique pour solliciter une aide – ont un grand panel d’aides, dont une aide à la production phonographique.
Si vous êtes à la fois artiste et producteur-ice, que vous êtes inscrit-e à la Sacem et que vous en êtes avec votre projet artistique à votre première ou deuxième autoproduction – c’est-à-dire que vous n’êtes pas en contrat d’artiste, ni en co-production – alors vous pouvez, sur conditions, solliciter l’aide à l’autoproduction de la Sacem. Difficile à obtenir car elle n’a qu’un taux de 8% d’acceptation (plus de 1000 dossiers à l’année pour 80 projets subventionnés à l'année), elle permet cependant, sans justificatif financier, de percevoir 6 000 euros d’aide si vous êtes sélectionné-e par le jury.
Et si vous voulez en savoir plus sur les autres aides qui existent pour amortir ses dépenses de production – même en dehors de la production phonographique, on a une liste dédiée.
Elle fait partie de notre formation Mission admin & subvention ; elle liste, entre autres, tous les programmes que vous pouvez solliciter, à différents moments de votre carrière, en tant qu’artiste, producteur-ice et même éditeur-ice. Elle comporte tous les critères d’éligibilité ainsi que les liens vers chaque offre, en fonction d’où se déroule votre projet – et une liste de moyens alternatifs (mais financiers!) aux subventions est à retrouver dans les modules de la formation.
Et parce que je sais qu'un dossier n'est pas toujours facile à monter, tu as des conseils issus des méthodes que j'applique pour monter les dossiers des artistes et des exemples issus de subventions obtenues par mes soins !
Dans cet article :
• Qu’est-ce que l’aide à la production phonographique ?
• Qu’est-ce qui change dans l'aide du CNM ?
• Quelles sont les alternatives ?
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