Réductions budgétaires : comment obtenir des subventions en 2024 ?

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Sacem, SCPP, SPPF, Spedidam, Adami, CNM, je sollicite presque tous les guichets pour déposer des dossiers de subventions pour des artistes et labels indépendants depuis 2019.

Il y a quelques mois, j'ai eu la mauvaise nouvelle – toujours redoutée – de voir un dossier SCPP refusé. C'est la première fois que ça m'arrive depuis 2019. La raison?

Des réductions budgétaires drastiques.

Des réductions budgétaires?

Tu as certainement entendu parler de la fameuse "taxe streaming" qui a impacté le prix de l'abonnement Spotify récemment. Cette taxe vient renflouer les caisses du CNM – Centre National de la Musique.

Mais pourquoi il y a des réductions budgétaires alors?

Parce que cette taxe ne bénéficie qu'au CNM (qui reste malgré tout déficitaire), et que le budget des aides à la création ne dépend pas que des taxes. Il dépend surtout, entre autres, des choses suivantes :

  • d'une part de la copie privée (une redevance prélevée sur tous les supports vierges, comme les clés USB, téléphones, CDs, disques dur et j'en passe)
  • des sommes dites irrépartissables (oeuvres non déposées, enregistrements non déclarés, et, jusque 2020, oeuvres américaines diffusées en radio en France)
  • d'une part des droits voisins générés par les membres adhérent-es de la SCPP, SPPF, Adami et Spedidam (ou des droits d'auteur à la Sacem)

Et c'est, outre la réglementation mise en place en 2020 et qui a fait plonger à toute vitesse les chiffres vers le bas, cette dernière variable qui vient faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre.

La "vraie" condition non écrite pour obtenir des subventions.

À mon grand désarroi, je me vois obligée d'écrire une sorte de mea culpa.

J'ai discuté avec de nombreuses personnes récemment – pour certaines lectrices de cette newsletter. Je vous ai dit que la SCPP avait un taux d'attribution de 92% de subventions (jusqu'ici vrai, même en 2023), que les subventions sont généralement soumises au fait que le budget est clair et cohérent avec le propos artistique...

... et bien même si c'est vrai, aujourd'hui, en 2024, ça ne fait plus tout.

J'ai passé le mercredi 13 mars 20min au téléphone avec la SCPP, et la raison principale pour le refus des dossiers – qui, j'insiste, aurait été la même à la SPPF – est que l'artiste manque d'identification sur le territoire, et/ou que le producteur ne génère pas assez de droits.

En conclusion, un-e jeune producteur-ice, un-e jeune artiste autoproduit-e, s'iel ne génère pas de droits voisins, ne peut (presque) pas prétendre à des subventions.

Et, en toute franchise, je suis dégoûtée. Parce que j'ai obtenu des subventions pour des "petits" producteurs par le passé, pas plus tard que l'année dernière. Ce qui était vrai l'année dernière ne l'est plus trop cette année.

Générer des droits ça veut dire quoi?

Je ne vais parler ici que des droits voisins. Car côté droits d'auteur, à la Sacem, les subventions pour éditeur-ices sont déjà soumises à un minimum de (3000€ de) droits annuels.

Générer des droits, ça veut dire vendre des disques, ou être diffusé en radio. Mais la meilleure manière de générer des droits voisins issus de la gestion collective – donc pas du streaming, qui n'est pas géré par la SCPP ou la SPPF – c'est de vendre des disques.

Je suis en train d'encourager une pratique qui date des années 80/90.

Vendre des disques.

Quelque chose qui coûte cher à produire, qui plus est.

Et en même temps...

Qu'est-ce qui rapporte le plus aujourd'hui?

Même si c'est un sujet que je vais explorer en long, en large et en travers lors d'une future formation digitale sur Proxima (le sujet de la prochaine newsletter sera sur la formation!)...

... ce qui rapporte le plus aujourd'hui, pour un-e artiste, ça peut être le streaming, mais on le sait, c'est rare. Ça n'arrive en réalité qu'en cas de carrière installée, ou de viralité sur les réseaux (et vous n'êtes pas toustes influenceur-euse-s).

Non, ce qui rapporte le plus, on le sait, c'est les rémunérations issues du live, de la synchro, les revenus issus de la diffusion en public (concert, radio, télé, films...) ou encore la vente de disques (et, hors droits voisins, de merch).

Et en début de carrière, les revenus du live sont faibles, la synchro c'est souvent la loterie, la radio c'est difficile d'accès si on n'a pas un album à venir, qu'on ne chante pas en français ou qu'on n'a pas des statistiques conséquentes... par contre, la vente de disques (et de merch) reste possible* dès que tu as une communauté engagée.

*j'ai conscience que le terme "possible" n'est pas le meilleur. Ça coûte cher, à produire comme à acheter.

Faire des produits physiques, oui, mais pourquoi? Comment?

Je sais que ça a un coût, et que pour le merch, c'est difficile de le fabriquer dans de bonnes conditions (à savoir pas fabriqué en Chine dans un entrepôt douteux) à coût raisonnable.

Mais il existe plein de manières de faire son merch. Denys Roses a fait son merch avec des t-shirts sourcés en seconde main, VoxAxoV fait ses carnets, marque pages et tote bags iel-même, Arbas conçoit des cartes postales à planter pour qu'elles soient réutilisables, Kimsar fait ses propres fanzines... et j'en passe.

Pour les disques, il est vrai, ça coûte cher. Mais si tu déposes un dossier, sachant que tout projet soumis reste prévisionnel, si ton dossier est refusé, tu n'es en aucun cas en obligation de presser des vinyles ou faire graver des CDs. Par contre, si le projet est accepté, c'est une dépense que tu devras effectuer, donc cas-y doucement et reste réaliste (:

Et quoi qu'il arrive : les produits physiques ne restent pas un moyen viable et sûr pour être subventionné. C'est un moyen intéressant pour être en lien avec sa communauté, et la rendre ambassadrice de votre musique! On a toustes du merch d'artistes, ou de beaux vinyles qui nous servent presque de décoration. Ce sont des objets que les auditeurices aiment porter, ou écouter (même s'iels ont un abonnement streaming). Et générer 300€ de ventes physique, c'est "plus facile" (toutes mesures gardées) que de générer 300€ de streams, surtout en début de carrière.

Sur ce, je m'en vais – littéralement – penser et réfléchir à des manières alternatives de développement... parce que le système d'aides que l'on a souvent pris pour acquis ne l'est peut-être pas tant que ça.

Courage à tout le monde,

Cloé, ta copilote artistique.

Dans cet article :

  • Des réductions budgétaires?
  • La "vraie" condition non écrite pour obtenir des subventions
  • Générer des droits, ça veut dire quoi ?
  • Qu'est-ce qui rapporte le plus aujourd'hui ?
  • Faire du physique, oui, mais comment ?

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