Pour diminuer un maximum les risques d'erreur de répartition des revenus liés à l'exploitation de ses oeuvres, il est indispensable de comprendre le rôle des codes ISRC et ISWC. Ces deux codes, qui viennent chacun identifier un aspect d'un morceau, permettent aux artistes ainsi qu'aux pros (éditeur-ice-s, producteur-ice-s) qui gravitent autour de l'artiste de bien percevoir leurs revenus.
Comme les rôles se cumulent souvent à l'échelle émergente et indépendante, il est très important que tu saches générer tes propres codes ISWC et ISRC, et pour bien le faire, il faut comprendre à quoi ils servent, ce qu'ils permettent d'identifier, et comment les générer.
Pour bien comprendre ce que permettent l'ISRC et l'ISWC, il faut revenir sur une notion essentielle : celle des droits d'auteur et des droits voisins, aussi respectivement appelés dans le jargon les droits publishing et les droits master.
Les droits d'auteur, ce sont les droits qui sont liés à une oeuvre, et qui rassemblent plusieurs ayants-droit : l'auteur-ice, le ou la compositeur-ice, l'éditeur-ice, et parfois l'arrangeur-euse et l'adaptateur-ice (lorsque l'oeuvre se voit traduite en plusieurs langues, par exemple, on parle d'adaptation). Parfois, ces ayants-droit sont une seule et même personne, et c'est souvent le cas des artistes indés.
Pour aller plus loin : Podcast : L'édition musicale, mode d'emploi avec Amélie Duvernoy
Ce que l'on entend par "oeuvre", c'est une suite d'accord, une mélodie, de paroles, des arrangements, un rythme. Une œuvre, c'est un morceau instrumental (mélodie seule), ou une chanson (instrumentation + paroles). Ainsi, une oeuvre peut prendre différentes formes : on peut avoir une version studio, une version arrangée pour le live, une version acoustique... mais cela reste la même oeuvre. Les revenus issus de l'exploitation de cette oeuvre proviennent soit de sa reproduction (en radio, sur un CD/vinyle, dans une compilation...) ou de son exploitation publique (performance live, sonorisation d'une émission télé...). La synchronisation fait aussi partie des revenus de l'exploitation de l'oeuvre.
Les droits voisins, quant à eux, signifie "droits voisins du droit d'auteur". Ils viennent rémunérer au titre de l'exploitation cette fois-ci d'un enregistrement (un master) l'interprète de l'oeuvre, ainsi que son ou sa producteur-ice. Là aussi, parfois, les rôles sont joués par une seule et même personne, à savoir l'artiste indépendant-e.
Il y a plusieurs enregistrements (plusieurs masters) possibles pour une oeuvre : la version studio, la version live, le remix, la version acoustique ou encore la cover représentent autant d'enregistrements (de masters) possibles pour une seule et même oeuvre ! Et les revenus issus de l'exploitation d'un enregistrement proviennent soit de sa reproduction (ex: production de 500 vinyles), soit de son exploitation publique (ex: un DJ joue un original mix d'un artiste techno en club), soit de la synchronisation.
C'est donc pour cela qu'il existe l'ISWC, qui identifie une oeuvre, et l'ISRC, qui identifie un enregistrement. Et en général, quand on est artiste indépendant-e, on cumule beaucoup des rôles cités ci-dessus. On est souvent auteur-ice, compositeur-ice, interprète, son ou sa propre producteur-ice et dans certains cas, son ou sa propre éditeur-ice.
L'ISRC, c'est donc le code unique qui va identifier ton enregistrement. Tu as tout un article détaillé à ce sujet ci-dessous, mais pour revenir sur l'utilité du code ISRC : il va permettre, comme un code barre, de relier un fichier son avec un-e producteur-ice, en l'occurrence toi si tu es ton ou ta propre productrice. Sache que même si tu es en licence avec un label, ou sous contrat de distribution avec un distributeur, tu es producteur-ice, puisqu'au regard de la loi, celui ou celle qui finance l'enregistrement d'un master en détient les droits.
Tu dois donc être capable – pour faire les choses dans les règles de l'art et s'assurer que les royalties te reviennent bien – de générer tes propres codes ISRC. C'est là où l'article ci-dessous prend tout son sens.
Pour aller plus loin : Le code ISRC : manager le paiement de ses royalties en indé
Ainsi, tu génèreras un code ISRC par enregistrement. Le code ISRC sert aussi à identifier un disque, soit un EP ou un album. Et il est irrévocable : une fois que ton oeuvre est définie par un ISRC, tu ne peux pas le changer. Aussi, cet ISRC doit être encodé dans le fichier master – c'est la SCPP, un des deux syndicats de producteur-ice-s de France et organisme de gestion collective qui elle-même qui le souligne ! Tes clips peuvent aussi avoir un ISRC dédié, car les clips génèrent aussi des droits au titre des droits voisins (dans le cadre d'un passage à la télé, par exemple).
Si tu as laissé ton agrégateur ou ton distributeur générer un ISRC pour toi, pas de panique : tes droits seront quand même bien collectés!
L'ISWC est moins connu que l'ISRC, et pourtant, il permet de manager le paiement de ses droits d'auteur comme le permet l'ISRC avec les droits voisins. Cette fois, c'est la Sacem – organisme de gestion collective qui collecte et répartit les droits d'auteur aux auteur-ice-s, compositeur-ice-s et éditeur-ice-s de musique – qui s'occupe de le générer pour toi. Dès lors que tu déposes une oeuvre, un ISWC est généré.
Prenons le cas d'une première sortie de single, par exemple. Tu vas peut-être vouloir déposer la maquette dans un premier temps. Dans ce cas, tu te rends sur le site de la Sacem pour déposer ta maquette, en la nommant par exemple "Nom du single – maquette". Tu identifies bien tous les ayants-droit – si tu as un-e éditeur-ice, c'est à lui ou elle de le faire, c'est son rôle en tant qu'administrateur-ice de ton catalogue. Une fois signé par toutes les parties, le dépôt de l'oeuvre est catalogué, et un ISWC lui est attribué.
Une fois que tu as la version définitive de ton oeuvre, tu vas "écraser" le dépôt précédent en effectuant un nouveau dépôt sur le site, mais cette fois, en ajoutant l'ISWC précédemment généré par le dépôt provisoire. Comme il ne peut y avoir qu'un seul ISWC par oeuvre – comme pour l'ISRC ! – cette action va écraser le précédent dépôt et rendre ton dépôt définitif.
Si demain tu as une version live de cette oeuvre, tu peux aussi déposer cette oeuvre en précisant que c'est un arrangement live. Tu diras donc que sa "destination" (c'est ce qui est écrit sur le dépôt) est pour le live. Là, il ne faut pas mettre un nouvel ISWC, il faut laisser la Sacem en générer un nouveau, sinon tu vas écraser là aussi le dépôt précédent.
Comme tu peux le voir, l'ISRC et l'ISWC sont deux codes qui exercent les mêmes fonctions, mais qui ne permettent pas de répartir les mêmes types de droits aux artistes et professionnel-le-s concerné-e-s.
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